Le Taupin violacé
Le bois mort, source de vie : le cas du Taupin violacé
Le bois mort est une composante essentielle de la forêt naturelle, laquelle recouvrait plus de 80% du territoire de l’Europe avant son utilisation par l’Homme. L’étude et la conservation de sa biodiversité est donc un enjeu majeur de la protection de l’environnement.
Le taupin violacé (Limoniscus violaceus) est un petit coléoptère vivant dans le terreau des cavités basses des vieux arbres feuillus. Il représente un outil pour la conservation de la nature par ses caractéristiques d’espèce « parapluie » : la mise en place d’une gestion conservatoire de ses populations est profitable à un large éventail d’organismes qui interagissent plus ou moins étroitement avec son habitat. A ce titre, il figure en Annexe II de la directive « Habitats-Faune Flore » qui désigne les espèces animales et végétales d’intérêt communautaire et dont la conservation nécessite la désignation de « Zones Spéciales de Conservation » appartenant au réseau Natura 2000. En Midi-Pyrénées, L. violaceus est également une espèce déterminante pour l’élaboration des Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF).
L’intérêt porté à cette espèce est lié aux spécificités de son habitat. L. violaceus est un insecte saproxylique, c’est-à-dire dépendant pendant une partie de son cycle de vie du bois mort. Les organismes saproxyliques sont présents chez un grand nombre de taxons (insectes, champignons, oiseaux …). Ils se révèlent particulièrement intéressants par les relations qu’ils entretiennent avec le bois mort, chaque espèce étant adaptée à un type de bois mort. Il résulte qu’un arbre mort ou moribond constitue un ensemble de micro-habitats (écorce décollée, trou de pic, cavité, branche morte, champignons lignicoles) capable d’accueillir des faunes spécialisées et diversifiées. Le terreau est la phase ultime de décomposition du bois, résultat de l’action successive des différents cortèges d’espèces saproxyliques. La protection des cavités contenant du terreau nécessite donc la protection de l’ensemble des processus et des espèces qui interviennent dans leur création.
Devenu rare en Europe en raison de la disparition de son habitat de nos forêts, le Taupin violacé est aujourd’hui connu dans 16 localités françaises. Six sont en Midi Pyrénées, dans les départements de l’Aveyron, du Lot, du Tarn et il a été récemment découvert dans le Gers.